Il est rare qu’une actrice choisisse et porte un projet – en tant qu’actrice. Ici, il s’agit de la création de Vanessa Fonte : son univers, ses rêves, ses fantômes. Pour la première fois, j’accompagne la naissance d’une œuvre dont je n’ai pas la paternité. Mon rôle n’est pas celui du metteur en scène, mais s’apparente à celui de sage-femme : nous travaillerons ensemble pour faire exister au plateau son exigence et son amour pour le détail, le soin d’un objet, d’un tissu ou d’une certaine lumière. Son désir de faire exister au plateau les univers de Sylvia Plath et de Francesca Woodman.

« Ces deux artistes sont pour moi des modèles d’intégrité, des femmes qui ont cherché dans leur art à être au plus près d’elle-même, sans compromis ou désir de plaire. Leur travail ne ressemble à aucun autre. Elles ont plongé à l’intérieur d’elles mêmes, elles y ont sorti les monstres enfouis. Là où leur travail agit sur moi comme une consolation, c’est qu’elles transcendent le désespoir, elles vont au-delà. Et au-delà du désespoir apparait l’ironie, la dérision, l’insolence. » Vanessa Fonte

L’état actuel du monde exige une révision totale de nos manières d’agir. En même temps, la surabondance d’informations engendre une sensation de grande insécurité : d’où vient le bruit ? Comment entendre les signaux qui ont de la valeur ? Surtout, sommes-nous capables d’agir en conséquence et de maîtriser les transformations en cours ? Se projeter au-delà du maintenant, saturé et bruyant, est un besoin naturel.

L’entreprise Ekimetrics y répond par le biais des algorithmes, en collectant des milliards de données, et tente ainsi de repérer les signaux dans le flux. Nour Awada avec Luca Giacomoni ont mené, de mars à novembre 2019, un travail d’immersion au travers d’entretiens personnels avec treize data scientists et de workshops hebdomadaires concentrés sur une problématique cardinale : face à l’interprétation des données passées, quelle information a de la valeur, laquelle est sans importance ? Autrement dit, comment distinguer le bruit du signal ?